J’ACCUSE …

J’accuse la vie de frapper aussi fort.

J’accuse la mort d’enterrer des vivants.

J’accuse la douleur de ne plus faire mal.

J’accuse la pudeur de ne plus s’exhiber.

J’accuse l’audace de délit de fuite.

J’accuse la complicité de découragement.

J’accuse le courage de capituler.

J’accuse la conscience d’inconscience.

J’accuse les mineurs de désaccords majeurs.

J’accuse les majeurs de tourner le « do ».

J’accuse la poésie d’être à l’art « ré ».

J’accuse la chanson de tsuna « mi ».

J’accuse les musiciens d’avoir perdu leur clé de « fa ».

J’accuse les partitions d’être au « sol ».

J’accuse la curiosité de ne plus être « la ».

J’accuse les compositeurs de ne jouer qu’avec des « si ».

J’accuse les « chants » de filer un mauvais coton.

J’accuse les cris de chuchotements.

J’accuse la musique d’être désenchantée.

J’accuse la mélodie de ne plus danser.

J’accuse les écrivains d’être déplumés.

J’accuse le présent pour son absence.

J’accuse l’imagination d’infertilité.

J’accuse l’ennui de ne plus habiter.

J’accuse la lumière d’éblouir au lieu d’éclairer.

J’accuse l’amour de ne plus être propre.

J’accuse le bonheur de désertion.

J’accuse les yeux de voyeurisme.

J’accuse les cœurs de ne plus (se) battre.

J’accuse les « 8 mai » (oui mais) d’affranchir.

J’accuse l’ «uni»vers de dés «uni»r.

J’accuse les pensées pour errances.

J’accuse le cerveau pour « con » plicité.

J’accuse les larmes de ne plus essuyer.

J’accuse l’isolement d’addiction.

J’accuse la solitude d’évasion.

J’accuse le vent de ne plus nous transporter.

J’accuse la joie de désuétude.

J’accuse les rires d’être muselés.

J’accuse la liberté de ne plus s’exprimer.

J’accuse les âmes d’être possédées.

J’accuse l’authenticité d’imiter.

J’accuse la beauté de ne plus défiler.

J’accuse le superficiel de déposséder.

J’accuse les corps de se déguiser.

J’accuse les idiots de « con »vaincre.

J’accuse la nature de vomir la cruauté humaine.

J’accuse l’avenir d’être « dé » passé.

J’accuse les noces de n’être que lune de miel.

J’accuse les murs où les portes sont à l’envers.

J’accuse ma prison de trop de liberté.

J’accuse le béton de démolir.

J’accuse l’esprit de ne plus contempler.

J’accuse la peur d’illusion.

J’accuse l’enthousiasme d’être blasé.

J’accuse le silence de tout ce bruit.

J’accuse les mots de maux.

J’accuse la communication de langue morte.

J’accuse la curiosité de dédaigner.

J’accuse la folie de raison.

J’accuse la raison d’affronts.

J’accuse le temps de ne plus compter.

J’accuse les riches de répandre le manque.

J’accuse les pauvres d’insuffisance.

J’accuse la misère de fatalité.

J’accuse les richesses de déshériter.

J’accuse les talents d’échouer.

J’accuse le bonheur de ne plus inspirer.

J’accuse les pays d’exister.

J’accuse notre époque où les gens ne rient plus.

J’accuse notre époque où les gens ne pleurent plus.

J’accuse notre époque où les gens ne boivent plus.

J’accuse notre époque où l’amour ne se fait plus.

J’accuse notre planète Terre où l’on tasse les hommes.

J’accuse les hommes de ne plus se réinventer.

J’accuse le président, les politiques, la société, les banques, les hommes d’affaires, les multinationales, les mafieux, les médias, les riches, les pauvres, la police, la justice, la religion, les médecins, les commerçants, les chômeurs, les étrangers, les guerres, mon voisin, mes parents, mon conjoint …

J’accuse …

J’accuse …

J’accuse …

J’accuse tout le monde de semer la peur et l’indifférence.

Je les accuse de tant de choses que les mots me manquent, mais surtout …

J’accuse l’homme d’accuser !

Alors n’oublions pas que … quoiqu’il arrive …

LA VIE EST BELLE

Bérangère & Enriqué